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L'histoire de la thérapie brève de Palo Alto

  • Photo du rédacteur: Sophie V
    Sophie V
  • 29 févr. 2024
  • 4 min de lecture

Palo Alto est une ville de Californie, dans laquelle, dans les années 50, est né un courant de pensée, développé par différents chercheurs et psychothérapeutes. Ils ont élaboré un modèle de résolution des problèmes humains générant de la souffrance grâce à une conception interactionnelle des comportements. Ils développent ainsi une nouvelle science de la communication et du changement.


Dans les années 50, Gregory Bateson et son équipe à San Francisco développent la théorie de la "double contrainte", qui révolutionne les conceptions psychiatriques en envisageant la maladie mentale comme une adaptation à des relations familiales pathologiques.

Pour en comprendre le sens, entrons dans une famille dont un des membres est diagnostiqué "schizophrène". Bateson démontra que la schizophrénie est essentiellement le résultat d'une interaction familiale qui génère une double contrainte sur l'individu "malade". Il s'agit de la répétition d'une injonction paradoxale, formée de deux consignes simultanées et incompatibles. La première injonction est explicite et demande la réalisation d'une consigne "Fais ceci sinon tu prends un risque" -> le risque serait de perdre la relation familiale. La seconde injonction est implicite et porte sur le langage non verbal, elle contredit la première injonction : "Ne me considère pas, moi qui te menace, comme menaçant". Le tout se fait dans un contexte où il est impossible de métacommuniquer (communiquer sur cette communication).

De quoi devenir fou ? Eh oui, la folie est la seule manière logique de répondre à ces injonctions.

"Sens-toi libre !", "Amuse-toi !", "Sois spontané !", "Sois autonome !"

Ces injonctions paradoxales sont impossibles à satisfaire et choquent par la contradiction qu'elles contiennent. Pour y répondre, il faudrait se "couper en deux" pour qu'une partie obéisse et l'autre réponde à la spontanéité ou la liberté : obéir et désobéir en même temps...


Les travaux de Gregory Bateson ont stimulé la recherche et c'est dans le prolongement des ces travaux qu'est créé le Mental Research Institute (MRI) à Palo Alto en 1959 par Don Jackson qui vise à explorer les implications thérapeutiques de cette approche.


Le groupe Bateson se scinde en deux directions : Bateson élargit sa vision de la communication en étudiant des espèces animales, tandis le MRI cherche des moyens thérapeutiques plus efficaces. Paul Watzlawick, thérapeute philosophe et grande figure du MRI, diffusa la pensée de Bateson et développa les axiomes de la communication, base de la thérapie brève.


La thérapie brève systémique et stratégique est ainsi développée dans les années 60, se concentrant sur le symptôme présent dans le contexte relationnel sans s'attarder sur l'analyse des causes. Elle se base sur une théorie stratégique, c'est à dire l'étude des comportements communicationnels des individus en interaction, et les tactiques thérapeutiques qui servent à atteindre le but visé.


Le MRI pose alors les bases d'une approche interactionnelle et synchronique du comportement du processus du changement.


L'approche cybernétique du modèle permet de rendre compte que tout problème est le résultat de messages inappropriés et répétés. Nous sommes tous soumis à des messages et leurs feed-backs (retours aux messages) et ne pas les prendre en compte engendre un dysfonctionnement, un blocage dans un système d'interaction (avec soi-même ou avec les autres) qui génère de la souffrance. L'approche systémique, en thérapie brève, est cybernétique car elle considère la causalité non plus de façon linéaire, mais de manière circulaire.


Bateson aimait prendre cet exemple pour illustrer cette notion de circularité :

Imaginons que l'on donne un coup de pied à un chien.

Si le phénomène était linéaire, le chien serait expulsé à quelques mètres, voire projeté en orbite si le coup de pied était suffisamment fort.

En réalité, le coup de pied va provoquer une réaction chez le chien : un feedback qu'il sera nécessaire de prendre en compte : d'où la circularité des phénomènes.



L'approche systémique du modèle de Palo Alto consiste à observer les comportements de chaque individu dans un groupe donné car les réponses dépendent des relations entre eux. Une idée nouvelle à cette époque est que c'est l'interaction qui modifie les comportements humains et non des motivations internes. C'est ce qui rend logique les comportements de chacun au sein du système dans lequel il évolue.


L'approche est dite stratégique parce qu'elle est focalisée sur la recherche de solutions en amenant le patient à accepter de concrétiser un mouvement contraire de qui a échoué, un mouvement paradoxal dit à 180° et qui n'a pas été tenté par le patient car à l'opposé de toute logique. C’est en passant à l’action que les personnes découvrent une nouvelle manière de percevoir leur problème et que surgissent les changements qui mènent à sa résolution. C'est Milton Erickson, père de l'hypnose moderne, qui proposait fréquemment des exercices à faire entre les séances. Cette stratégie a été reprise et permet d'obtenir des résultats concrets plus rapides.


Le modèle de Palo Alto est un modèle de résolution de problèmes tout à fait innovant qui apporte des solutions sur-mesure à des problèmes qui parfois peuvent être enkystés depuis de longs mois, voire de longues années, dans un respect absolu de nos patients.










 
 
 

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